Aménagement de l’espace par les EJE, un bonheur pour l’esprit
Pendant 2 jours sur le site de Neuilly-sur-Marne, les étudiants éducateurs de jeunes enfants de 2e année ont proposé au public leur maquette de lieux d’accueil collectif petite enfance. Bien sûr, il s’agissait pour eux de concevoir un lieu d’accueil idéal pour l’épanouissement de l’enfant mais aussi un lieu où projet pédagogique et architecture vivent en harmonie, pour le bonheur des professionnels.
Mardi 19 novembre 2013, l’amphithéâtre est méconnaissable… beaucoup de tissu, petits éclairages tamisés, musique apaisante… café et bonbons… on entre dans un lieu serein, et beau à la fois. La technologie est présente sur chaque espace, les maquettes sont aussi virtualisées et présentées sur les écrans des ordinateurs.
La promotion s’est constituée en petits groupes de 2 à 4 étudiants. Chaque groupe a présenté son travail à l’ensemble des EJE de 2e année, aux autres étudiants et à un jury constitué de professionnels.
La composition du jury.
– Pascal Decampe, Directeur de la ludothèque à Le Blanc-Mesnil.
– Véronique Fanfant, responsable de la filière EJE à l’IRTS.
– Didier Heintz, architecte designer. [[Didier Heintz s’est intéressé à la petite enfance et à leurs espaces dès les années 70, créant et fabricant lui-même du mobilier, des jouets et des espaces de jeu pour les tout-petits. Tout naturellement, et grâce entre autres à la naissance de ses enfants, il en est venu à pénétrer le monde des lieux d’accueil de la petite enfance, tout d’abord avec les crèches parentales, puis avec l’ensemble des crèches collectives, en pleine évolution durant les années 1980 à 2000.
Une passion était née : non plus simple architecte, mais chercheur dans ce domaine, il s’est de plus en plus intéressé à la pédagogie, à l’évolution et au développement de l’enfant, rencontrant de nombreux acteurs de ce monde et donnant de nombreuses conférences sur la relation entre pédagogie et espace.
Aussi, c’est avec presque trente années d’expériences et de pratiques à son actif qu’il a écrit plusieurs ouvrages. Après Les temps de l’enfance et leurs espaces et Les normes en question son nouvel ouvrage s’intitule De l’unique au multiple.
En savoir plus sur le site didierheintz.com]]
Lundi 18 novembre, c’est Antoine Leygonie, architecte, Directeur d’agence qui participait au jury. Ses champs de recherche est Architecture et perception : phénoménologie et enfance. [[Antoine Leygonie est l’auteur entre autres, en 2010 de Petite enfance : guide pratique de l’accueil : création, gestion, animation et en 2012 du Guide de programmation d’une structure d’accueil de la petite enfance. ]]
Ça aménage à Neuilly-sur-Marne !
Présentation du projet par Véronique Fanfant, responsable de la filière EJE à l’IRTS.
Pour qu’un enfant puisse jouer avant 3 ans, il a besoin d’explorer son environnement. C’est à dire, faire des expériences en agissant par lui même, par essai/erreur.
Pour apprendre à être adroit, communiquer, faire attention, comme par exemple, à ne pas se pincer les doigts en ouvrant et en fermant une porte.
En collectivité, en expérimentant son habileté, un enfant de moins de 3 ans apprend à se faire confiance parce qu’il entend beaucoup d’injonctions négatives par les adultes qui le protège dès qu’il commence à marcher à quatre pattes telles que Ne fais pas ceci, Non, Fais attention etc.
Donc pour que l’enfant apprenne à se faire confiance, les professionnels de la petite enfance attachent une grande importance à l’aménagement d’espaces qui favorisent les inter-actions positives des professionnels avec les enfants et entre les enfants.
C’est pourquoi au sein de la formation, le métier d’éducateur de jeunes enfants – EJE – au côté des autres professionnels de la petite enfance, attache une grande importance à l’aménagement de l’espace.
Il s’agit de limiter l’intervention des adultes pour favoriser des inter-actions positives entre les enfants. Elles se construisent par le plaisir des enfants à jouer avec les mêmes jeux, au même moment.
Penser l’espace de jeu et d’exploration des enfants en collectivité pour que chaque enfant puisse trouver sa place avec les autres, se travaille à l’IRTS en pédagogie active participative. Il s’agit de concevoir un espace d’accueil de l’enfant idéal.
Des espaces de réflexions professionnelles sur la question des aménagements d’espace avec des enfants en collectivité sont réservés sur le planning, en dehors cours.
A l’issue de 2 mois et demi de recherche théorique et de fabrication des maquettes, chaque groupe d’étudiants aménage l’amphithéâtre et expose leur maquette à l’ensemble des étudiants, toutes filières confondues.
Les étudiants présentent leur maquette aux évaluateurs, architectes et professionnels de la petite enfance. C’est aussi un moment d’échange sur la réflexion philosophique, sociologique, pédagogique et juridique qui les ont amenés à la création symbolique de leur espace. La question des normes en vigueur en collectivité est travaillée dans chaque espace.
Cette évaluation orale a été conçue comme une aide à la rédaction du dossier à finalité éducative présenté à l’examen au domaine de compétence 2 – DC2. Le dossier final comprend l’expérience individuelle de transfert d’expérience théorique à la pratique de terrain du stage long de chaque étudiant. La création d’une fiche de communication par groupe sert de support de réflexion avec les équipes terrain.
Depuis 2003, l’événementiel de l’aménagement des espaces à Neuilly-sur-Marne, connait un succès auprès des professionnels de la petite enfance et se propage de bouche à oreille, auprès des représentants de collectivités territoriales qui se déplacent régulièrement pour l’occasion.
Quittons le cercle confidentiel de la pédagogie expérimentale pour donner la parole aux étudiants et les professionnels.
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Que disent les étudiants EJE ?
L’aménagement de l’espace c’est ce qui me reste de plus fort dans la formation.
J’ai réellement compris le sens de ma pratique à ce moment là.
Après cette expérience de formation, moi qui était timide, je n’en revenais pas de mon assurance à argumenter un espace livre auprès des bébés en stage long.
C’est surtout le plaisir du travail en groupe que j’ai eu envie de retrouver sur le terrain.
On a tous appris des uns et des autres on s’est admiré mutuellement. C’était ce que j’avais envie de revivre avec les terrains. Les cours communication juste avant, m’ont aidée, tous les cours s’enchainent avec cohérence dans la filière, on a confiance.
C’est épuisant, on s’est frité, il y a eu pas mal de médiations entre nous et avec les formateurs, mais on n’y a tous gagné en relations humaines. Si c’était à refaire, je le revivrais.
Photos : Marie Christine Girod – 2013