Intervention d’Alain Bonnami au 8e congrès de l’AIFRIS à Beyrouth

Historique de l’AIFRIS
À la suite des 2 premiers congrès internationaux des formateurs en travail social et des professionnels francophones de l’intervention sociale – Caen en 2005, Namur en 2007 –, les participants ont décidé de se structurer en signant un premier protocole d’entente à Mons – Belgique – le 21 mars 2008 et en créant le 28 juin 2008 à Paris l’Association internationale pour la formation, la recherche et l’intervention sociale – AIFRIS. Les partenaires fondateurs de l’AIFRIS viennent de Belgique, France, le Québec-Canada, Mali, Québec, République démocratique du Congo, Roumanie, Suisse, Tunisie. Ils ont été rejoints en avril 2009 par le Luxembourg et la Côte d’Ivoire, en 2010, par le Liban, le Portugal et l’Italie, en 2011 par le Maroc et l’Algérie et en 2012 par l’Espagne.
Le siège de l’AIFRIS fut établi à Bruxelles sous la forme d’une association de droit belge avec la forme juridique d’AISBL – Association internationale sans but lucratif). Le statut d’AISBL a été conféré par arrêt ministériel, le 7 Juin 2009. Les statuts ont été publiés au Moniteur belge le 25 juin 2009, avec le numéro d’entreprise 814 798 911.
En 2017, le siège social de l’association a été transféré en France, à l’Institut régional de travail social – IRTS – de Besançon, pour des raisons de simplification administratives et financières.
Le 8e congrès de l’AIFRIS s’est déroulé du mardi 2 au vendredi 5 juillet 2019 à l’École libanaise de formation sociale – ELFS – de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth –USJ –, Liban.
Le programme complet
Les participants au congrès
- Ecole libanaise de formation sociale de l’USJ de Beyrouth
- Institut des sciences politiques à l’USJ
- Haute école de travail social de Genève
- Université du Luxembourg
- Ecoles françaises de travail social
- le Cnam
- l’UNAFORIS
- Ecoles et Universités canadiennes québécoises
L’intervention d’Alain Bonnami
Sociétés plurielles, travail social et vivre-ensemble est le thème de ce 8e congrès organisé par l’AIFRIS du mardi 2 au vendredi 6 juillet 2019 à Beyrouth – Liban. Au programme, conférences, tables rondes, témoignages, ateliers et forums : le Monde Arabe : les défis du vivre ensemble et ses instruments ; pour (re)faire société – Revenir aux sources de la solidarité humaine ; mouvements migratoires et réfugiés ; l’espace numérique, gestion des risques et usages professionnels ; réflexivité et processus participatifs de production de savoirs ; les personnes accompagnées au cœur de l’ingénierie de la formation…
Alain Bonnami, responsable des Masters MSSEPA et MOSS à l’IRTS, auteur de l’ouvrage Le pair-aidant : un nouvel acteur du travail social ? paru en 2019, est intervenu le mercredi 3 juillet 2019 sur le thème de la reconnaissance des savoir expérientiels dans la formation des pairs-aidants. Analyse d’un dispositif de formation au sein de l’IRTS Ile-de-France Montrouge Neuilly-sur-Marne, visant la participation des personnes concernées.
Témoignage de Clément Bosqué, directeur IRTS – site de Montrouge
Les militaires sont partout, à l’ombre de casemates, affalés dans la chaleur écrasante de ce début de mois de juillet. Grues, travaux, trafic incessant et musclé, où le klaxon sert à se faire une place et à héler les touristes. Les édifices religieux élégants – “syriens catholiques”, “grecs melkites” et autres appellations qui témoignent de l’empilement des 18 communautés – côtoient des immeubles en ruine. Les hôtels de luxe surplombent les terrains vagues. À 19 heures, l’appel du muezzin résonne sur les vestiges des thermes romains, proches de la Place des Martyrs – cette place nettoyée, si présentable aujourd’hui, qui autrefois, les vieux beyrouthins s’en souviennent, bruissait d’activité, cœur battant de Beyrouth.
Le thème choisi pour ce 8e congrès de l’AIFRIS – Association internationale pour la formation, la recherche et l’intervention Sociale –, Sociétés plurielles, travail social et vivre ensemble, n’est pas un choix innocent, selon Rima Mawad, directrice de l’Ecole Libanaise de formation sociale – ELFS. Particulièrement dans un pays où, rappelle le Pr Salim Daccache, recteur de l’Université Saint-Joseph – USJ – de Beyrouth, premier établissement d’enseignement universitaire francophone au Liban, les forces centrifuges qui peuvent menacer la convivialité sont multiples : repli confessionnel et communautariste, l’individualisme caché sous le drap de la communauté, la prévalence de la région par rapport à l’unité du territoire, la prééminence du clan et de la tribu, etc.
Les congressistes passeront 4 jours à naviguer entre ateliers, tables rondes, forums. Les suisses, québécois, belges, et français, nombreux, échangent aussi de façon informelle avec leurs collègues libanais et représentants d’organisations diverses. Nous discutons avec le Professeur Nabil Whaibe, qui nous parle de son pays, le Liban. Un pays dans le déni, nous dit-il. Déni des frontières communautaires, parfois vantées comme un pluralisme et une richesse, mais qui sclérosent aussi la vie politique et citoyenne. Car, pour accepter l’autre, pour discuter du “vivre ensemble”, il faut encore le rencontrer ! Dans bien des endroits, cela n’est tout simplement pas possible. Et la guerre ? Déni, là aussi : il n’y a pas de mémoire de la guerre. Les jeunes, nés à partir des années 94 et 95, ont oublié la guerre, ils ne la connaissent pas.Pour corriger ce défaut de mémoire, des initiatives pédagogiques apparaissent, tel, à quelques pas de l’Université Saint-Joseph, rue de Damas, le musée de la guerre de la Maison de Beyrouth, un immeuble de style néo-ottoman, aux façades criblées d’impacts de balles qui ont été conservés, bien visibles.
Le programme est très riche : mouvements migratoires et réfugiés; l’espace numérique, gestion des risques et usages professionnels; réflexivité et processus participatifs de production de savoirs; les personnes accompagnées au cœur de l’ingénierie de la formation… des thèmes qui n’illustrent qu’une infime partie des travaux présentés et discutés. Tous rappellent l’importance du lien, du réseau, de l’entraide, de l’empathie, de la transmission des compétences et des capacités entre pairs.
C’est dans ce cadre qu’Alain Bonnami, responsable des Master M2SEPA et MOSS à l’IRTS Ile-de-France Montrouge Neuilly-sur-Marne, donne son intervention le mercredi 3 juillet 2019. Elle s’intitule : la reconnaissance des savoir expérientiels dans la formation des pairs-aidants. Analyse d’un dispositif de formation au sein de l’IRTS Île de France Montrouge Neuilly-sur-Marne, visant la participation des personnes concernées. La salle, prévue pour une vingtaine de personne, devra finalement en accueillir une trentaine. Les échanges sont passionnés, entre formateurs, professionnels, chercheurs, mais aussi personnes concernées. Deux d’entre elles, dans la salle, se découvrent et s’interpellent : est-ce que tu arrives, toi, à comprendre les travailleurs sociaux, finalement ? Et pourquoi ils ne nous comprennent pas ? La réflexion est à poursuivre.
Remercions à nouveaux les organisateurs du congrès. Et saluons l’élection de Maryse Tannous Jomaa, professeure associée et directrice honoraire de l’Ecole libanaise de formation sociale de l’USJ de Beyrouth, à la Présidence de l’AIFRIS.
Photos – ©Clément Bosqué – IRTS 2019
En complément
Interview d’Alain Bonnami – La pair-aidance, valeur ajoutée au travail social ?
Brigitte Bègue – ASH 28 juin 2019