Journée thématique – Notre société lutte-t-elle vraiment contre la précarité ? Quelles perspectives ?
L’IRTS – Site de Montrouge – organise le vendredi 17 octobre 2014, une journée thématique intitulée Notre société lutte-t-elle vraiment contre la précarité ? Quelles perspectives ? pour les étudiants assistant de service social, conseiller en économie sociale familiale, éducateur de jeunes enfants, éducateur spécialisé, éducateur technique spécialisé et moniteur-éducateur. Ils seront plus de 350 étudiants, à partager cette journée inscrite dans le cadre de la journée mondiale du refus de la misère.
Une journée inscrite dans les plannings de formation sur une initiative de l’équipe pédagogique de la filière assistant de service social.
A suivre, la mise en ligne des photos qui seront réalisées par un groupe d’étudiants.
Depuis 1987 et à l’initiative d’un certain nombre d’organisations non- gouvernementales, différents rassemblements sont organisés dans le monde afin de réitérer le refus de la misère et contre l’exclusion :
– journée internationale pour l’éradication de la pauvreté ; organisée par le Conseil de l’Europe
– journée internationale pour l’élimination de la pauvreté; organisée par les Nations unies
– journée mondiale du refus de la misère organisée par ATD Quart Monde
Les célébrations se succèdent alors même que la pauvreté, la misère et l’exclusion sociale sous toutes ses formes n’ont cessé d’accroître dans une société qui jamais dans l’histoire n’avait cumulé autant de richesses.
Nous sommes confrontés à une double contradiction. En effet, dans la grande majorité des pays développés, les politiques sociales destinées à lutter contre la pauvreté et l’exclusion ont vu le jour dans une période de prospérité économique et dans un paradigme marqué par le rôle majeur joué par l’État-providence.
Ces politiques conçues pour remédier à un dysfonctionnement qui devait être passager reposaient sur 3 éléments clairement identifiables : une population “cible” bien délimitée, un ensemble de règles, des prestations et des moyens à la hauteur des problèmes à traiter et la professionnalisation des intervenants – travailleurs sociaux spécialisés.
Nous ne sommes plus dans ce cas de figure. L’Europe occidentale est entrée depuis 25 ans dans un état de crise économique.
L’État-providence n’as plus les moyens d’y faire face et la précarité et la misère ne concerne plus seulement une catégorie particulière et délimitée de la population, mais un ensemble de plus en plus vaste, incluant même des travailleurs salariés.
En France il y a aujourd’hui près de 5 millions de personnes sont mal logées, plus de 7 millions d’individus touchent les minima sociaux, près de 1 million de ménages surendettés, plus de 300 millions de repas sont distribués par des ONG et autres structures caritatives.
Dans un tel contexte, il nous semble que le fil conducteur de nos débats pourrait être formulé ainsi :
Notre société lutte-t-elle vraiment contre la précarité ? Quelles perspectives ?
À partir du regard et de l’analyse apportée par différents acteurs associatifs, directement impliqués dans la lutte au quotidien contre la précarité et l’exclusion, il nous paraît pertinent d’apporter un éclairage sur cette vaste question aux futurs travailleurs sociaux actuellement en formation à l’IRTS.
Programme
9h30-11h30
Conférences
Notre société lutte-t-elle vraiment contre la précarité ? Quelles perspectives ?
– Armando Magallanes, directeur du pôle hébergement – Association Aurore – Paris
– Emmanuel Ollivier, directeur du centre d’hébergement d’urgence Mouzaïa – Armée du Salut – Paris
– Christophe Louis, président du Collectif Les Morts de la rue – Paris
– Véronique Davienne, coordinatrice du Centre de recherche sur l’extrême pauvreté Joseph Wresinski – ATD Quart Monde – Baillet-en-France
11h30-13h30
Stands – Présentation des actions contre la précarité
– Adie – Dispositif CréaJeunes
– Association Aurore
– ATD Quart Monde
– Centre d’action sociale protestant
– Collectif Les Morts de la rue
– Ged World – Le mouvement d’entraide locale
– Le Mouvement du Nid
– Médecins du Monde
– Petits frères des Pauvres
– PIMMS
– Secours catholique
De 13h30 à 15h30
Ateliers sur la pratique professionnelle
ARAPEJ
Après la sortie de prison : quel accompagnement pour les personnes sous main de justice et/ou sortant de prison ?
L’ARAPEJ, au service de la liberté de personnes captives de leur passé, accueille depuis prés de 40 ans, des personnes sortantes de prison ou placées sous-main de justice, pour leur permettre un retour digne dans la société, mais aussi de lutter contre la récidive.
Parmi ses actions : de l’hébergement avec un accompagnement social prenant en compte des difficultés spécifiques – le rapport à la loi, les différents effets de l’incarcération, sur la personne, les droits sociaux… – pour aider à la construction d’un projet individualisé d’insertion ou de réinsertion, adapté.
Armée du salut – Centre d’hébergement d’urgence Mouzaïa
L’importance du lien du travailleur social avec le public en grande précarité
Emmanuel Ollivier, directeur du Centre d’hébergement d’urgence Mouzaïa – Paris
ATD Quart Monde
Croisement des savoirs
La démarche du “croisement des savoirs et des pratiques avec des personnes en situation de pauvreté” trouve son origine dans le combat d’ATD Quart Monde, pour prendre en compte la réflexion des personnes en situation de pauvreté. Reconnaître le savoir de vie des personnes en situation de pauvreté & le croiser avec le savoir universitaire et/ou le savoir des professionnels pour construire des connaissances plus justes, et donc plus efficaces pour lutter contre la pauvreté.
Nous présenterons les origines et les principes éthiques de la démarche.
Puis nous illustrerons par un exemple de mise en pratique de la démarche : “les co-formations par le croisement des savoirs et des pratiques avec des personnes ayant l’expérience de la grande pauvreté”, formations mutuelles entre des professionnels et des personnes en situation de pauvreté, qui ont pour objectif de mieux se comprendre pour mieux agir ensemble.
Et nous nous attarderons sur ce qu’elles produisent : qu’est ce que ça change ? Pour les personnes en situation de pauvreté ? Pour les professionnels ? Comment peut-on ré investir ce qu’on a appris ?
Le témoignage d’un professionnel ayant participé à une co-formation, portant notamment sur la thématique plus que sensible de la protection de l’enfance, aura pour objet de montrer la modernité et l’innovation que porte la démarche du croisement des savoirs en matière de travail social. Il s’agira de mesurer en quoi, au regard des objectifs affichés de l’intervention en travail social, particulièrement sur les questions “d’autonomie”, du développement du pouvoir d’agir des personnes, les co-formations peuvent inspirer d’autres pratiques dans le champ du travail social.
Collectif Les Morts de la rue
Précarité – Mort – Deuil
Le Collectif Les Morts de la Rue, association créée en 2002, a pour objets de :
– faire savoir que vivre à la rue conduit à une mort prématurée, et en dénoncer les causes
– veiller à la dignité des funérailles
– accompagner les proches en deuil des personnes en situation de rue.
Nous proposerons
– une présentation du travail fait autour de la rencontre de la mort des personnes de la rue et du deuil dans le cadre du Collectif Les Morts de la Rue
– des échanges à partir de l’expérience des participants
– une interaction autour des thèmes abordés.
Nous pourrons peut-être dégager que dans le cadre du travail social, parler de la mort est une nécessité et peut dans certaines situations être un véritable levier d’insertion et de mieux être pour l’entourage de ces personnes, notamment les personnes également en situation de précarité.
Jessica Rassiga, assistante de service social, chargée de mission auprès du Collectif pour l’accompagnement du groupe “Proches en Deuil”
Régine Benveniste, psychiatre, bénévole au Collectif, notamment dans l’équipe “Proches en deuil”
Philippe Fernandez, membre de l’équipe “Proches en deuil”, avec les compétences acquises lors de 18 ans de vie de rue, puis d’hébergement.
Cécile Rocca, coordinatrice du Collectif, depuis ses débuts.
Fondation Abbé Pierre
Personnes à la rue et logement
La Fondation Abbé Pierre a engagé depuis plusieurs années une réflexion sur les problématiques des personnes à la rue. En pointant les aberrations de la politique de l’hébergement d’urgence, en particulier en chambres d’ hôtel, face à une insuffisance chronique de logements, en mesurant l’impasse de ces politiques, la Fondation Abbé Pierre explore des voies permettant de créer une alternative aux bidonvilles et à offrir un domicile fixe et décent pour tous.
Cette démarche s’appuie sur des recherches, de l’expérimentation, du renforcement juridique.
Bruno Six, directeur adjoint – Direction des missions sociales
Florian Huyghe, chargé de mission habitat – bidonvilles
IRTS Ile-de-France Montrouge Neuilly-sur-Marne
Le revenu universel = la réponse à la misère ?
Le développement de la protection et des aides sociales dans des pays pourtant développés comme la France n’a permis d’éradiquer ni la misère ni la pauvreté. Principalement parce que le système d’entraide conçu dès la Révolution française, et mis en place progressivement au cours des 19e et 20e siècle, est basé sur l’admission des bénéficiaires à des régimes financiers compensatoires uniquement parce que ces personnes entrent dans des listes arrêtées de dérogation à l’obligation de travailler : chômeurs, personnes malades, handicapées, plus de 25 ans, ayant travaillé plus de 6 mois sur les 24 derniers, etc. Il en résulte une mosaïque incroyable de règles d’attribution qui excluent ceux qui n’ont pas l’information, qui n’entrent pas dans la définition fine de la mesure, pour lesquelles il n’existe pas une bonne case, etc.
Et si un autre système voyait le jour, non plus basé sur la dérogation autorisé au travail de quelques-uns, mais ouvert à tous ceux dont les ressources personnelles sont insuffisantes, sur le simple critère de l’appartenance à la communauté humaine : le revenu universel ?
Eric Denoyelle, formateur à l’IRTS
Médecins du Monde
L’action au quotidien auprès des plus précaires
Depuis 1986, l’association Médecins du Monde est présente en France avec des programmes en faveur des plus vulnérables dont l’objectif principal est de favoriser leur accès aux soins. A travers la présentation du Centre d’accueil de soins et d’orientation de Saint Denis – CASO – et de la mission Bidonvilles, il s’agira de vous faire découvrir notre action au quotidien auprès des plus précaires et de réfléchir ensemble au sens de cette action ainsi qu’à la place du travail social au sens d’une ONG médicale.
Audrey Arneodo, assistante de service social – Centre d’accueil de soins et d’orientation, Médecins du Monde
Mouvement du Nid
Précarité et prostitution, quel accompagnement des personnes ?
A la fois facteur d’entrée et logique d’enfermement, la précarité est au cœur du système prostitutionnel. Il s’agit à la fois de connaitre, comprendre les différentes situations prostitutionnelles et de savoir agir sur ces fragilités économiques, sociales, psychologiques, lesquelles, associées aux violences subies dans la prostitution, renforce l’isolement des personnes et complique l’accompagnement.
Secours catholique
Les familles en précarité sont des familles comme les autres
Les préjugés sur la capacité des familles à grande précarité à être de bons parents sont nombreux. Or bien souvent on pense à interroger les capacités des personnes avant de voir dans les conditions de vie un obstacle majeur à la vie familiale. Ces familles font preuve de bien plus de ressources qu’on ne l’imagine dans des contextes de vie souvent très durs. Il ne faut pas nier les difficultés rencontrées et agir sur les causes tout autant que sur les conséquences de la pauvreté. Aujourd’hui il est difficile d’accepter que des enfants vivent dans des logements insalubres ou soient obligés de se lever à 5h du matin pour aller à l’école. Le Secours Catholique accompagne, en lien avec des travailleurs sociaux, les familles et se mobilise pour faire reconnaitre les droits de chacun. Sur un territoire donné, la solidarité entre familles, quelles que soient leurs conditions de vie, est également un enjeu pour notre association. Au travers de différents exemples et supports nous vous présenterons les différentes problématiques liées aux conditions de vie précaires des familles et les actions développées pour y répondre.
Petits Frères des Pauvres
Accompagnement des personnes de plus de 50 ans en grande précarité
Accueillir et accompagner des personnes en situation de grande précarité nécessite de se confronter à des situations et problématiques complexes comme l’errance, l’instabilité, les addictions, les troubles psychiques, les maladies graves et les décès prématurés. Que faut-il comprendre et mettre en place pour accompagner de telles difficultés ?
L’association des petits frères des Pauvres accompagne des personnes de plus de 50 ans souffrant d’isolement, de pauvreté, de handicaps et/ou de précarités multiples. Depuis 25 ans, la Fraternité Paris Saint-Maur des petits frères a développé une expérience dans l’accompagnement des personnes en situation de grande précarité au sein d’un parcours “vers et dans le logement”. Elle a aussi la particularité de fonder ses actions de soutien sur la participation active de bénévoles encadrés par des salariés. _ Mais qu’est ce que la grande précarité ? Quelles sont les problématiques et les besoins de ces publics ? Quels sont les modalités d’accompagnement proposées aux personnes en grandes difficultés par la Fraternité Paris Saint-Maur ? Quelles sont les difficultés, les paradoxes que les professionnels des petits frères rencontrent dans l’accompagnement du public et des bénévoles au quotidien ? Voici quelles questions auxquelles l’intervenant essayera de répondre, dans une approche ou l’échange avec les étudiants sera privilégié.
PIMMS
Médiation sociale et action sociale : deux types d’intervention sociale en interaction
La médiation sociale est une fonction nouvelle qui pallie les déficits relationnels en aidant à recomposer le lien social. La médiation sociale met en œuvre un mode de prise en charge spécifique des autres travailleurs sociaux qui permet d’entrer en relation ou de renouer le contact avec des publics en détresse ou isolés. La médiation se développe en concertation et en complémentarité avec les autres interventions sociales.
Ainsi selon l’enquête réalisée par l’IFOP :
– pour 59 % des situations, les travailleurs sociaux sont à l’origine de la saisine des médiateurs sociaux
– pour 70 % de situations, les travailleurs sociaux relaient les médiateurs sociaux
15h30
Départ au Trocadéro-Parvis des droits de l’Homme
Depuis 1987, chaque 17 octobre, des mobilisations ont lieu partout dans le monde pour dire Non à la violence de la misère.
Des rassemblements, évènements festifs, marches sont organisés pour s’unir contre la misère.
Il y a 25 ans, ATD Quart-Monde faisait graver ce message de son fondateur, le Père Joseph Wresinski, sur la dalle du Parvis des droits des l’Homme, place du Trocadéro, à Paris :
Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré.
Contact
Coordination de la journée.
Louisette Badie, formatrice filière Assistant de service social à l’IRTS
+33 (0)1 40 92 35 28
louisette.badie@irts-montrouge-neuillysurmarne.eu