L’inscription textuelle du sujet dans les écrits professionnels – Intervention de Jacques Riffault, Directeur adjoint
Du sujet à l’usager… Vers le meilleur des mondes ?
Colloque organisé par le DERPAD
12 et 13 avril 2010
Espace Reuilly – 21 rue Hénard – 75012 Paris (métro 8 Montgallet)
Présentation des questions abordées lors de ces deux journées :
Usager du métro et de l’école, de la poste et du train, usager des services de téléphonie et de télévision, de la justice et du soin : n’est-ce pas à son propos qu’en 1957 déjà, dans ses Mythologies, Barthes avertissait du danger de la dispersion « de la collectivité en individus, et de l’individu en essences ».
Nouvel habit sans doute, cet usager, pour un vieux rêve du pouvoir, celui d’un citoyen transparent, accessible à tout moment et partout, qui valut il y a deux siècles aux langues régionales et dialectes leur marginalisation, mais aujourd’hui porté par un discours de la techno science promis à un avenir illimité.
Pressé comme jamais de participer au tissage de ce nouvel habit à travers enquêtes de satisfaction, procédures d’évaluation et d’autoévaluation, grilles et questionnaires divers, ne resterait-il au sujet qu’à devoir l’endosser sans plus pouvoir ni soulever la question de sa pertinence, ni l’éveiller chez l’autre.
Car l’enfant lui-même ne fait pas exception, et la tentation est aujourd’hui palpable de son assignation tantôt à un statut d’élève voué à la seule acquisition de savoirs abstraits, tantôt à un statut de support de la stratégie marketing, tantôt, quand doit intervenir la justice, à un état de minorité exclusivement juridique et uniformisant.
Qu’allons-nous faire, demandait Pierre Legendre, de la désillusion ? Quel bien commun désormais nous donner, qui autoriserait que ne soient pas simplement assimilées les notions d’efficacité et de rentabilité ? Quel service public, dont un fonctionnement responsable saurait se protéger et nous garantir contre les seules exigences de l’idéologie managériale ?
A l’heure où la satisfaction, celle précisément de l’usager, voire du client, portée au rang d’idéal, s’affirme le maître mot d’une démarche que l’on nous dit de qualité, comment, sans méconnaître l’impératif économique, redonner place et valeur sémiologique aux aléas et aux difficultés de la relation soignante et de la relation éducative ?
Plaisir de travailler et ressorts de la créativité seraient-ils à ce prix, que soit rétabli dans son pouvoir d’interpellation, par delà l’incontournable contrainte gestionnaire et la nécessité d’une prescription des tâches, le travail réel, avec ses imprévus, ses résistances, sa permanente exigence d’adaptation ?
Programme complet à télécharger sur le site : derpad.com