La rentrée 2012 – Originalité et classicisme

Depuis cette triste expérience, les équipes pédagogiques, que ce soit sur le site de Montrouge ou de Neuilly-sur-Marne se sont toujours mobilisées… l’innovation, la convivialité et la pertinence se rejoignent pour une semaine de rentrée 2012, pas comme les autres…
Regard sur le site de Montrouge, et plus spécifiquement pour les filières assistant de service social, éducateur de jeunes enfants, conseiller en économie sociale familiale et éducateur spécialisé.
C’est une semaine à la fois inscrite dans la tradition : présentation des équipes, mots de bienvenue, description des dispositifs de formation, initiation à la recherche de stage… et à la fois une semaine qui permet une véritable rencontre entre les étudiants : petit déjeuner offert par l’association des étudiants, pique-nique avec un plat à partager, travail autour des représentations des métiers du secteur avec des artistes et formateurs de l’IRTS.
Introduction d’Olivier Huet, Directeur du site de Montrouge
Pour démarrer cette matinée, je souhaite vous dire deux ou trois choses, à vous qui avez fait le choix de vous engager dans une des formations qui sont au cœur du travail social. A vous qui avez passé avec succès les épreuves d’admission, ce qui n’est pas tout à fait anodin.
Vous allez devenir des travailleurs sociaux…
Faire le choix d’un de ces métiers n’est pas anodin. Décider de travailler auprès de personnes que la déficience, l’histoire familiale, l’âge, la vie tout simplement auront rendues fragile, dépendantes, suppose certainement une personnalité “particulière”, suppose que quelque chose en soi nous pousse, non pas à nous mettre “à disposition” mais à nous rendre disponible pour l’autre.
Ces métiers sont sans aucun doute de très beaux métiers : vous vous y enrichirez, vous recevrez des personnes que vous rencontrerez, que vous accompagnerez au moins autant que vous leur apporterez. Vous connaîtrez des moments de grande joie, mais vous traverserez peut-être aussi des moments plus difficiles.
Pour tenir dans ces moments difficiles, il n’y a pas de recette miracle. Cependant, parmi toutes celles que l’on pourra vous proposer, il y en a peut-être une qui sera plus efficace que les autres : l’exercice de votre professionnalité.
Si vous vous présentez face aux personnes nécessitant un accompagnement uniquement armé de votre bonne volonté, il y a de fortes chances pour que vous n’alliez pas loin sur le chemin que vous vous êtes choisi. Cette volonté, ce désir d’aider, d’accompagner, de contribuer à éduquer cette générosité, cette envie de se sentir utile, sont tout à fait nécessaires, mais ils sont loin d’être suffisants.
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Nous allons donc passer trois années ensemble, années durant lesquelles nous allons vivre ensemble une aventure exceptionnelle, celle qui consiste à faire en sorte de vous permettre d’aborder le monde différemment, de le comprendre mieux… ceci afin de vous puissiez y prendre pleinement votre place, d’individu, de citoyen, de travailleur social.
Ces métiers auxquels vous vous destinez, regroupés sous le vocable de “travail social” et auxquels nous avons mission de former ont pour point commun de mettre ceux qui les exercent en rapport direct avec la souffrance, les injustices et les inégalités.
Ils amènent les professionnels à rencontrer des personnes ou des groupes confrontés à des difficultés et des empêchements de toute nature, le plus souvent cumulés et parfois inextricables. Ils les expriment avec les moyens qu’ils trouvent, lesquels ne sont pas toujours facilement tolérés par la société, ni par les travailleurs sociaux eux-mêmes, et ne sont pas toujours acceptables non plus.
Ces métiers, enfin, mettent les professionnels qui les exercent personnellement à l’épreuve puisque le principal instrument de la mise en œuvre de leurs missions reste, même si il s’agit le plus souvent de travail en équipe, leur personne elle-même.
Pour dire les choses de manière assez générique donc, le travail social vise la préservation du lien social.
Travailler au lien social, c’est permettre l’exercice de la solidarité.
Quand on ne reçoit quasiment plus rien de la solidarité et qu’on ne contribue plus au bien commun, on devient, comme le dit Robert Castel, un surnuméraire, un “homme en trop”. On ne retrouve pas le lien social fondamental si personne n’intervient lorsque la descente se fait trop sensible, et ce, quelle que soit la problématique de la personne considérée.
C’est ce rôle de tisseur de lien, qu’entre autres et notamment, il va falloir que vous vous prépariez à jouer en entrant dans ces formations.
Ceci suppose que vous acquériez une professionnalité, laquelle repose sur un engagement individuel que la formation suscitera ou confortera mais ne pourra garantir à elle seule.
Cet engagement, pour faire court et nous aurons bien le temps d’y revenir, cet engagement donc repose sur quelques valeurs assez simples à énoncer, encore plus à déclamer, mais souvent beaucoup moins à habiter, à incarner : égalité, liberté, respect absolu de la dignité, défense et promotion des droits, sans pour autant occulter la dimension du devoir, sans laquelle celle des droits perd tout son sens…
Cet engagement doit produire ses effets dès aujourd’hui, à chaque instant de la formation, dans vos rapports aux autres, étudiants, formateurs, ensemble des salariés de l’IRTS et des lieux de stage… mais aussi vis-à-vis de vous-même : rigueur, honnêteté intellectuelle, ouverture aux autres, esprit critique seront attendus de vous.
Et je terminerai en citant le projet de l’IRTS :
Le travail social, dans ses différents aspects, est en effet une pièce majeure du projet démocratique, en tant qu’il a pour mission d’en assurer et d’en développer les aspects sociaux : corriger les inégalités, permettre l’accès aux droits, c’est-à-dire contribuer au développement de la démocratie sociale, condition d’une démocratie politique qui ne soit pas que formelle. C’est la dimension explicitement politique de cet engagement, à propos de laquelle les programmes de formation prévoient non seulement de diffuser les connaissances nécessaires, mais surtout une sensibilisation à l’appropriation critique des politiques sociales, dans leur actualité et dans leur histoire.
Ces deux dimensions de la professionnalité telle que nous la comprenons en appellent une troisième qui prend ici la forme d’un postulat, celui selon lequel il existe en chaque être humain mais aussi dans la société des ressources pour pouvoir être autrement. C’est la dimension éthique de la professionnalité, celle qui dessine un horizon pour l’engagement qu’elle suppose, y compris et surtout dans les situations les plus “obscures” et les plus “désespérées”.
Je vous souhaite donc bonne route, et vous assure de notre présence bienveillante tout au long de ces années que nous allons, pour une part, partager.
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Rencontre avec les partenaires de l’Université Paris 13 et la direction générale de l’IRTS
Depuis 2011, l’IRTS propose aux étudiants, de préparer à la fois le Diplôme d’État qu’ils ont choisi et en même temps, sans augmentation du temps de formation, une licence universitaire complète – L3 – dans différents domaines :
Un parcours à dominante Administration Économique et Sociale
Un parcours à dominante Clinique
Un parcours à dominante Sciences Sociales et Santé
Un parcours à dominante Sociologie et Science Politique[[ La licence Sociologie & Science politique n’est plus proposée aux étudiants de l’IRTS depuis la rentrée 2015.]]
Le choix s’effectue après une première année en tronc commun pour tous les métiers, et en fonction du projet individuel de l’étudiant.
Ce dispositif concerne les deux sites de l’IRTS – Montrouge et Neuilly-sur-Marne – qui a choisi de le mettre en œuvre dans un partenariat étroit avec l’Université Paris 13, remarquée par son engagement et sa sensibilité aux problèmes sociaux depuis sa création en 1970.
Le pique-nique du mardi
Les étudiants ont rendez-vous avec les membres du bureau des étudiants – BDE et sont invités à partager le déjeuner avec les étudiants de 2ème et 3ème année.
Un moment de retrouvailles, d’échange des dernières nouvelles…
Les représentations des métiers
3 jours où cela bouge beaucoup à l’IRTS…
Tout commence en petit groupe de 15 étudiants et un binôme formateur – artiste. [[Thierry Gary – Théâtre forum & Céline Coulon / Christian Binetruy – Théâtre forum & Bénédicte Pochet / Floriane Gaber – Théâtre forum & Marie Haloux / Anne Chebrou – Arts plastiques & Marie Bonhomme / Vanina Lange – Arts plastiques & Olivier Huet / Paula Mesuret – Chant & Gabrielle Garrigue / Sorraya Djebbar – Chorégraphie & Catherine Boulenger / Nathalie Gatineau – Chorégraphie & Edith Bellon / Guillaume Testor – Clown & Isabelle Tiret / Magali Martinez – Découverte du territoire culturel & Marc Prudhomme / Marie Pascale Lescot – Atelier d’écriture & Alexis Mombelet]] L’objet du débat et des pistes sont lancés, pour stimuler des façons de mettre en voix, en mouvement, en espace, en traces, les représentations des métiers du social.
Le lendemain – mercredi – chaque groupe continue à travailler avec l’artiste et organise la façon de rendre compte de leur travail à l’ensemble des étudiants de 1ère année.
Le jeudi, c’est un peu la fête tout en apprenant. Chaque groupe présente à l’ensemble des étudiants et formateurs, sa mise en espace : au jardin, dans l’amphi Tom, dans les couloirs, dans l’espace Perret… visite guidée en petit groupe, mise en espace sur scène, exposition sur laquelle on marche…
Photos : Marie Christine Girod – 2012