Stage à Montréal – Flore Deshayes, étudiante, rencontre les minorités
Elle s’appelle Flore Deshayes, elle est étudiante assistant de service social à l’IRTS. Le jeudi 29 octobre 2015, à la pause déjeuner, elle a partagé avec les étudiants son expérience de stage au Québec.
Pour ma recherche de stage, j’avais déjà en tête de m’investir sur la question autochtone au Canada. Dans mon parcours d’étudiante en travail social, j’avais envie de m’investir auprès de populations minoritaires ; aller à la rencontre de peuples auprès desquels je pourrais apprendre différentes manières d’appréhender “le vivre ensemble”. Je pense que c’est enrichissant pour construire une posture professionnelle.
Pas simple de partir. Flore Deshayes, comme beaucoup d’autres étudiants de l’IRTS qui souhaitent faire leur stage à l’étranger, fait sa recherche sur Internet… plateformes, forum… Elle y trouve pas mal d’éléments notamment sur l’intervention communautaire au Québec.
Une quinzaine de mails échangés, des entretiens par Skype… Puis ça devient compliqué, la convention de stage n’est pas faite à temps pour que sa demande soit étudiée lors de la 1re session de candidature pour obtenir son visa stage coopération international… Le lieu de stage doit avoir versé les 230$ canadiens par mois, condition supplémentaire pour avoir le visa… Le visa, ce fut un parcours du combattant qui sollicite beaucoup d’énergie. Je soulignerai le rôle de Christian Jodeau, formateur à l’IRTS qui a été à l’écoute de toutes mes ambitions, mes difficultés, mes démarches.
Et puis il lui faut trouver des financements, défendre son projet, trouver un logement – bien que ce soit plus facile qu’à Paris…
Le stage n’était pas gratifié[[ Lorsqu’un stage compte au minimum 44 jours de présence effective, il est gratifié comme en France.]]. Pour financer son projet, Flore Deshayes obtiendra une aide financière de l’Office franco-québécois pour la jeunesse – OFQ J – et du Conseil général de Seine-Saint-Denis – projet présenté en décembre 2014.
Tout un parcours… on saute les barrières et pouf ! On se retrouve à Montréal.
Le lieu de stage
Diaporama à l’appui, c’est avec aisance et enthousiasme que Flore Deshayes présente d’abord le contexte social et historique québécois, puis la structure qui l’a accueillie de juillet à août 2015. Il s’agit de son stage de 2e année.
Depuis 2001, le gouvernement fédéral soutient les interventions des organismes du milieu pour réduire et prévenir l’itinérance avec la Stratégie de partenariats de lutte contre l’itinérance – SPLI.
Projets Autochtones du Québec – PAQ – situé à Montréal est un organisme sans but lucratif fondé sur le développement social et professionnel des Premières nations, Métis et Inuit du territoire québécois.
La structure Projets Autochtones du Québec a pour but d’offrir des services d’aide et d’hébergement aux personnes en difficultés. _ L’organisme désire favoriser le rapprochement entre les organismes autochtones et non autochtones afin d’assurer à la clientèle visée une diversité et une congruité de services qui leur conviennent.
Elle travaille de concert avec les communautés locales et les organismes gouvernementaux afin d’obtenir la justice sociale, de favoriser le développement de la personne et la maîtrise de leur vie.
La finalité de ses interventions contribue essentiellement à l’accompagnement, au développement et à l’animation de groupes aux prises avec divers problématiques sociales.
3 missions : centre d’hébergement – 48 lits –, service alimentaire et service de réinsertion sociale.
L’équipe de 16 personnes est constituée en majorité d’éducateurs spécialisés.
Les actions mises en place
C’est à partir des valeurs du Projets Autochtones du Québec que Flore Deshayes va construire et réaliser ses projets :
– adhérer ensemble à une société qui reconnait à chacun une place, un rôle, une capacité
– se centrer sur les potentialités, plutôt que les difficultés
– impliquer les usagers
– favoriser le développement du pouvoir d’agir
Les personnes en situation d’errance – en France on dit sans-abri – qui sont majoritairement accueillies par le Projets Autochtones du Québec appartiennent à 11 nations différentes, elles ont chacune leur langue. Le centre est aussi ouvert à toute personne venant du territoire fédéral canadien. C’est donc en anglais que Flore Deshayes va travailler avec eux.
1er axe : les activités de groupe
D’abord il s’agit pour elle d’assurer la continuité de ce qui est déjà en place : discussion de groupe sur un thème, randonnée pique-nique, piscine et spa pour les femmes, matchs de baseball, cours de langues – anglais-français et innu –, des événements au square Cabot de Montréal.
On m’avait dit “tu vas initier des projets en utilisant les compétences des personnes pour qu’elles puissent accéder à l’autonomie”. Ça n’était pas évident pour moi, je n’avais jamais travaillé comme ça avant. En plus je ne devais pas refaire ce qui avait déjà été fait dans la structure. Alors j’ai fait à partir des savoir-faire que j’avais avant de rentrer en formation d’assistant de service social. On m’a donné une enveloppe. Et voilà, c’était parti.
Flore Deshayes va mettre en place 3 projets : rencontre avec les ainés inuits, sortie pour voir en salle le documentaire Circus without borders de Susan Gray & Linda Matchan [[Circus without borders de Susan Gray et Linda Matchan – 69’ – 2015.
Deux compagnies de cirque, l’une au Nunavut, l’autre en Guinée-Conakry, amènent des jeunes du bout du monde à surmonter les limites que la géographie et l’histoire ont dressées sur la route de leur épanouissement. Invitation au dépassement.
]], et une exposition de sculpture Inuit à la galerie d’art Carte Blanche.
2e axe : réalisation de bilans psycho-sociaux
Il s’agit pour elle d’évaluer les situations socio-économiques des personnes à partir de grilles, réaliser des entretiens individuels et assurer le suivi de leur projet.
Le plus marquant
Elle a découvert que l’assistante de service social au Québec anime des groupes, réalise des bilans mais aussi s’occupe de la gestion des emplois du temps des éducateurs spécialisés.
Mais ce qui a le plus marqué Flore Deshayes, c’est que les relations avec les personnes qu’elle a accompagnées sont plus horizontales que dominantes. Et c’est un changement fondamental dans la construction sa pratique professionnelle.
L’autre aspect, est que la situation des populations des 11 nations, notamment les Inuits, ressemble beaucoup à la situation des réfugiés climatiques. Flore Deshayes pense qu’il est souhaitable, dans un contexte plus large que celui de l’intervention social de proximité, de commencer à penser projet social en lien avec l’environnement.
A suivre…
Photos – ©Marie Christine Girod – IRTS 2015 & ©Flore Deshayes – PAQ 2015