Retour sur une mobilité Erasmus+ aux Pays-Bas autour des conférences familiales

Les conférences familiales et la justice restaurative sont au croisement de pratiques issues de courant théorique tels que l’empowerment ou le développement du pouvoir d’agir qui sont centraux dans ces pratiques. Ainsi que de pratiques de sociétés dites traditionnelles qui vivent de manière communautaire telle que les Maoris ou les inuits, dans lesquelles chaque individu fait partie du groupe famille au sens large.

Définition de la conférence familiale : « Possibilité d’avoir plus de contrôle sur ce qui est important pour soi, ses proches ou la collectivité à laquelle on s’identifie. C’est un pouvoir de contrôle que l’on exerce ou qu’on développe individuellement ou collectivement. C’est la capacité à réguler les évènements de sa vie. » (Yann Le Bossé)

Les conférences familiales sont utilisées depuis de nombreuses années dans des pays comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou les Etats-Unis sous le nom de Family Group Conférences, ont été adaptées pour les jeunes en Australie avec les Youth Justice Conférence, et aux USA sous le terme Réel Justice, Restorative Justice en lien avec l’International Intitute for Restorative Practices. Les Family Group Conferences sont utilisés dans un grand nombre de pays à travers l’Europe, l’association question de Justice fait partie du réseau européen.

Au Pays-Bas, les Family Group Conferences sont utilisés depuis une vingtaine d’années, leur utilisation est devenue obligatoire en 2015 puisqu’il a été inscrit dans la loi qu’avant tout accompagnement social, une conférence familiale devait être proposé à la famille. Nous avons pu profiter de leur expérience en rencontrant à la fois des coordinateurs, des professionnels, des responsables d’associations, des enseignants et des utilisateurs de cet outil. Au Pays-Bas, ce sont les communes qui ont la charge de la politique sociale de leur territoire telles que le logement, la police, les aides sociales, la protection de l’enfance, etc.

Formée aux conférences familiales depuis plus de 3 ans et mises en œuvre dans sa pratique professionnelle en protection de l’enfance, Isabelle Leuvrey promeut cette pratique qui fait appel aux notions de confiance, de ressources personnelles, aux ressources familiales et aux réseaux présents autour de chacun d’entre nous.

Ce séjour lui a permis de confronter son expérience à celles d’autres participants au voyage :

• Anne Jaspers, Secrétaire de l’association Questions de justice,
• Elsa Piou, Formatrice et chargé de projet sur les questions de pouvoir d’agir à l’IRTS de Perpignan,
• Nathalie Corna, Conseillère technique en travail social au département de l’Aude,
• Aurélie Cormier, Educatrice spécialisée travaillant dans une structure d’accueil de femmes victimes de violences sur le département des Pyrénées Orientales.

Le séjour a été rythmé par des visites d’associations à Amsterdam, dont :

• Eigen Kracht, qui fait régulièrement des bilans et des études sur l’utilisation des Family Group Conférences par les publics et sur l’impact des conférences familiales dans la société. Les mairies et diverses institutions font appel à elle pour organiser des conférences familiales.
• SHE – Stichting home empowerment, qui propose des accompagnements et des activités de socialisation, vers une plus grande intégration auprès de familles multiculturelles en proie à des violences domestiques.
• Eigen Plan, créée par des coordinateurs de conférences familiales, elle se différencie de la première par une approche plus dans le long terme et dans l’accompagnement considérant que les familles à qui sont proposées les conférences familiales, cumulent parfois des problématiques qui ne peuvent pas être résolues par une seule intervention et la seule construction d’un plan familial. L’association Eigen Plan œuvre au sein même des services sociaux de protection de l’enfance.
• La Haute école de travail social de UTRECHT, qui forme les travailleurs sociaux, nous a permis de rencontrer des formateurs et enseignants-chercheurs.

Pour conclure, les conférences familiales sont un outil facile à transmettre, la formation des coordinateurs nécessite deux à trois jours de présence et elles s’inscrivent bien dans la pratique du travail social. Plusieurs départements (Le Nord, la Gironde, les Deux-Sèvres) ont formé une partie de leurs personnels et ont créé des services dédiés à ce type de pratique. Selon l’association Question de justice, environ 1000 personnes en France sont formées à la coordination de conférences familiales et ont déjà effectué une ou plusieurs conférences familiales en lien avec des institutions du social.

Au Pays-Bas, les conférences familiales sont utilisées pour une grande diversité de situations et pas seulement dans le secteur social, elles sont proposées en prévention dans la résolution de conflits ou de recherche d’une solution avec la famille au plus près des demandes et besoin de la personne.

L’innovation que propose ce type d’intervention pourrait intéresser un grand nombre de partenaires et l’IRTS pourrait être un espace de ressources, de formation ou porteur de projet.